Veuillez suivre la coquille XVIII

21.10.2021

Au bout d’une demi-heure de marche, après un départ vers huit heures du matin, je me suis arrêté dans un petit bar, où j’ai pris un café et un croissant, je suis tombé nez à nez avec José. J’ai donc parcouru les quelques kilomètres avec lui. La discussion que j’ai eue avec lui ce matin-là, fut une des plus profondes de tout mon voyage. Notre échange portait, entre autres, sur notre vision de la foi et de Dieu. Nous n'étions évidemment pas du même avis sur toutes les questions que l’on s’est posées, mais c’était très enrichissant de découvrir la vision de chose de José.

Au bout de quelques kilomètres, nous sommes tombés sur une petite chapelle, devant laquelle se trouvait une étrange poupée, qui representait apparemment un pèlerin. José trouvait la poupée très drôle et j’ai dû prendre une photo de lui avec la poupée, qui l’a ensuite envoyée avec fierté dans son groupe familial.

Après ce petit moment fort sympathique, la partie compliquée de la journée commença. Jusqu’à là, le chemin nous avait mené à travers des petits regroupements de maison en suivant des chemins et routes de campagne. A ce moment-là par contre, nous faisions face à une sacré montée. J’avais un rythme bien plus rapide que José, c’est pour cela que nous nous sommes séparés. ,,Vas-y seulement, les montées tu as ça dans les gènes en tant que suisse”, fut son seul commentaire, avant que l’on se souhaite une bonne suite.

Je peux dire fièrement que j’ai surmonté aussi bien la première comme la seconde montée, sans trop de soucis. Comme quoi José avait peut-être eu raison. J’ai commencé par monter trois cent mètres, juste pour les redescendre tout de suite après et me retrouver devant la deuxième montée de deux cent mètres.

Après ces deux montées sur l'asphalte, je suis arrivé vers deux heures de l’après-midi à Deva, dernier endroit avant ma destination du jour, Gijón. Les derniers kilomètres furent très long dans mon ressenti, ce qui était surtout dû au fait que j’étais déjà arrivé à Gijón, mais qu’il me restait presque huit kilomètres à parcourir dans la ville pour arriver à mon hôtel.

En plus de cela, dans la ville les indications, les coquillages donc, ne se trouvaient plus à la hauteur des yeux, mais au sol. Non seulement cela rendait plus difficile de s’orienter, mais cela n’était pas très agréable pour ma nuque. Après une longue partie dans le centre ville, j’ai longé la plage. Je commençais à avoir faim, je me suis donc mis à lire attentivement les cartes des restaurants devant lesquels je passais. Je n’ai rien trouvé qui m’aurait donné l’eau à la bouche. Rien d’étonnant, vu que je n’aime pas les fruits de mer. Au bout d’un moment j’ai craqué et fini par manger un Sandwich sorti d’un automate.

Vers trois heures je suis enfin arrivé à l’Hospedaje Vegadeo. Après quelques minutes à attendre, une dame vint m’ouvrir. En regardant mon passeport, elle me lança un regard intrigué. Elle scruta mon visage couvert d’une barbe pas digne de ce nom. ,,Tienes diecinueve, eres un bebe”, a-t-elle constaté en voyant que j’étais né en 2002. Elle tamponna mon passeport de pèlerin et me donna les clés de ma chambre.

Après une douche chaude je suis ressorti pour aller faire des achats au supermarché d’à côté. Je fis une drôle de découverte. Dans le supermarché, les fruits et les légumes étaient organisés comme la viande et le poisson dans les supermarchés auxquels j’étais habitué. J’ai dû aller au comptoir, commander mes deux pommes, qu’une employé a pesées pour moi.

Après cette sortie je suis resté dans ma chambre, où j'ai mangé le dîner que j’avais acheté en même temps que mes pommes. Je voulais me reposer de cette étape quand même dure physiquement, mais le bruit du trafic qui entrait de la fenêtre dans ma chambre me dérangeait. J’ai passé la nuit avec l’impression de dormir juste à côté d’une route principale.