L'éloge du silence

Que j’aime le silence.

Il est doux, reposant et porteur de tant d’émotions. Sa force est dans le non-dit, dans le moment présent.

Il suffit de se taire et l’on commence à remarquer des détails, qui en temps normal se perdent dans le brouhaha. Un chant d’oiseau, une cloche d’église ou simplement le va et viens de sa propre respiration.

Et je ne parle là pas seulement du silence extérieur, du simple fait de se taire. Pas seulement de celui qui nous permet d’ouvrir nos yeux et nos oreilles, de percevoir la beauté tout autour de nous. Non, je parle aussi du silence intérieur.

Celui qui ne nous est donné que trop peu, à nous autres toujours occupés à courir d’un rendez-vous, d’une pensée à l’autre. Celui dont le frère est l’ennui, maître mot des peurs et angoisses modernes. Tous deux nous semblent insoutenables au premier abord, pour les ignorants semblent vides et sans intérêt, sans potentiel de production.

Que ces gens là ont tort. Car c’est lui, le silence intérieur, qui nous permet l’introspection, la vraie. Celle qui ne consiste pas à vouloir s’expliquer soi-même son intérieur pour combler le besoin de comprendre, ni à essayer de rationaliser, de ranger dans des cases nos émotions.

Non, la vraie introspection, elle, se fait dans le silence, celui qui nous ordonne de nous écouter. Vraiment nous écouter, sans s’interrompre, sans interrompre la parole que le silence fait surgir de notre corps et notre âme. Voilà une introspection véritable, d’une valeur inestimable, car difficile à atteindre ces temps-ci.

C’est pour cela que le silence doit garder le droit d’exister, qu’il ne faut le fuir. C’est pour cela que l’on se tait pour honorer ceux qui nous ont quittés. Nous leur offrons le moment présent, de la manière la plus honnête et la plus pure qu’il soit ; dans le silence.

Voilà pourquoi il doit exister, pourquoi il faut savoir le préserver et le chérir.